
Le 22 septembre, nous avons eu l’occasion de visiter les ateliers des artistes du collectif Essence Carbone, installé dans l’un des plus anciens hôpitaux psychiatriques de France, en activité depuis près de 200 ans, ce qui donnait déjà une atmosphère particulière à notre visite.
Essence Carbone réunit plusieurs artistes, aux approches et aux univers très différents.

D’abord, nous avons découvert le travail d’Arnaud Huppé dont l’installation
Imprégnation imprédictible occupait la totalité des murs de la salle d’exposition
du collectif.
Il travaille principalement le plâtre, à partir de moules qui sont simplement des
barquettes plastiques de la cantine de l’hôpital. Cela lui permet donc d’avoir un
format constant. Cependant il en tire des empreintes variées en combinant le
plâtre avec des matériaux comme le papier bulle ou des vieux tissus. Il
expérimente depuis deux ans avec ce matériau qu’il considère comme
recyclable et modulable. Ses tirages sont imbibées par l’encre de Chine qui
vient former un dégradé, l’encre se diffusant aléatoirement par capillarité. Sa
démarche joue sur la répétition et la collection. Avec plus de 1660 pièces
réalisées pour l’exposition, il a choisi d’aligner toutes ses productions sur
l’intégralité de la pièce et de les placer en dégradé de couleur (cercle
chromatique) proposant au spectateur une expérience très immersive.





Nous avons également rencontré Laurent Millet, photographe et plasticien qui
construit une sorte « d’encyclopédie imaginaire » en photographiant des objets
hybrides, entre tradition, science et architecture. Son travail amène à réfléchir
sur le statut de l’image, son histoire et la façon dont elle apparaît. Son atelier
est autant un laboratoire photographique où il expérimente des techniques
comme la gomme bichromatée qu’un espace où se construisent des volumes,
où se dessinent des images.



Henri Capron, peintre et sculpteur fait également partie du collectif. Il mêle
techniques picturales et volumes. Sa démarche se concentre sur la tension
entre matière, geste et technique. Son travail graphique et pictural est marqué
par une forte volonté de réalisme dans son trait et les textures. Il se base
notamment sur ce qu’il vit pour créer ses œuvres.

Carole Marchais, artiste plasticienne, travaille surtout avec des installations
éphémères et des assemblages. Elle s’intéresse beaucoup à l’environnement
dans lequel elle intervient, en explorant des notions comme la fragilité, la
transition ou encore la résilience. Pour cela elle utilise des fleurs séchées
qu’elle lie avec des fils de fer, elle travaille beaucoup ses essais en atelier mais
construit majoritairement sur place. Elle nous à présenté notamment une
œuvre datant de la période du Covid où elle créait une salle en Plexiglas pour
symboliser le confinement.


Mathieu Duvignaud a aussi une entrée écologique dans son travail. Architecte
paysagiste de formation, il développe des installations et performances qui
associent paysage et écologie créative. Ses œuvres cherchent à créer un lien
entre l’homme et son environnement, qu’il soit urbain ou rural, en provoquant
une expérience sensible et corporelle. Il utilise des matériaux naturels comme
le sel et la vase qu’il fait interagir avec des plaques de verre créant des motifs
assez proches du monde vivant.

Pour finir nous avons rencontré Virginie Rouvière, dessinatrice. Elle travaille
avec de la poudre de crayon, du carbone, et vient former des dessin très
fragiles et énigmatiques. Elle n’utilise pas de couleur ce qui garde cet aspect
très sombre dans ses travaux, jouant parfois avec la qualité plastique des
supports sur lesquels elle vient dessiner.

Cette visite nous a permis de découvrir des approches artistiques très
diverses : de la photographie conceptuelle au street art, en passant par la
sculpture et l’installation ainsi que de comprendre et découvrir un collectif
d’artistes. Se rassembler pour mutualiser, pour s’entraider, pour avoir plusieurs
voix et porter des projets. C’est en réalité une forme d’économie qui s’est
créée à travers un collectif qui rassemble ainsi des pratiques variées autour
d’une même idée : l’art comme expérience vivante, liée au lieu, au matériau et
à l’imaginaire. Les artistes travaillent seul·es, donnant une direction singulière
à leurs recherches, mais, par leur proximité, construisent des échanges,
s’interrogent mutuellement, mettant leurs pratiques en regards les un·es des
autres.
Compte-rendu de visite réalisé par Céleste Favino et Lola Ramos, étudiantes en CPES-CAAP
